Comité pour l'histoire de la Poste

Une histoire postale du Cameroun de 1945 à la fin des années 1970. Support politique, réseau de communication et pratiques sociales

Autrice

TCHAMBA NGOTOM Ranèse

Diplôme

Thèse d’histoire contemporaine

Thématique de recherche

Pagination

687 pages

Direction de recherche

Odile Goerg

Université

Université Paris Diderot

Année de publication

Résumé

Centrée sur l’étude d’un service public, la Poste, cette recherche propose son histoire, celle d’un véritable support politique et d’un réseau de communication et des pratiques sociales des usagers de celle-ci en terrain camerounais.
Au lendemain de la seconde guerre jusqu’à la fin des années 1970, le réseau postal déjà établi depuis la fin du XIXe siècle s’étend en dessinant une trame linéaire faiblement maillée du sud vers le nord du territoire. Ce réseau participe à l’appropriation du territoire par l’État. En effet, l’implantation des bureaux de poste est un dessein administratif tout comme la création des postes de police. En ouvrant des bureaux de poste dans les chefs-lieux de région, ensuite dans les subdivisions administratives et enfin dans les campagnes, l’État suit une logique répondant à ses besoins.


A la suite des travaux entrepris au cours des années 1950 dans le but d’améliorer la qualité du réseau postal et de son infrastructure, l’État indépendant met en place, dès 1960, des plans quinquennaux de développement. Ceux-ci permettent à ce réseau de se reconfigurer et d’atténuer les fortes disparités régionales observées dans la partie nord du pays et dans l’ex-Cameroun britannique comportant peu d’équipements depuis la depuis la fin de la période coloniale. Mais cela ne résout pas complètement le problème de l’enclavement postal.
Établi pour répondre au besoin de l’État, cet outil de communication va aussi graduellement répondre au besoin d’un public qui se diversifie au fil des années. Jusqu’à la fin des années 1970, ce réseau de communication contribue au contrôle et à la gestion efficace du territoire sans pour autant se limiter au seul usage administratif. Les usages et les pratiques s’accroissent et l’on peut ainsi identifier différents groupes sociaux qui s’approprient de ces nouveaux outils de la modernité ancrés depuis la colonisation.


Support d’action politique également, ce service joue aussi un rôle ambivalent dans les mouvements d’émancipation et la lutte pré-et-post indépendance. Au cours années 1950 jusqu’au début de la deuxième décennie après l’indépendance, le réseau postal est un outil efficace pour l’État qui, s’en sert pour contrôler l’information et contrecarrer la clandestinité de certains leaders politiques opposants du pouvoir en place. Ce réseau sert aussi comme lieu de structuration de l’action militante syndicale et politique, permettant aux postiers de se construire un univers syndical au sein duquel, ils font entendre leur voix et revendiquent leur cause. Il permet également à certains d’entre eux de se démarquer et de s’imposer dans l’arène politique.

Au contact direct et journalier des populations, le service postal devient un observatoire des rapports sociaux tant en période coloniale qu’après l’indépendance. L’administration des PTT au Cameroun est une grande maison constituée d’un personnel diversifié venant de différentes entités sociologiques. Il existe un contraste entre ceux qui assurent un service actif et ceux qui sont sur place dans le bureau de poste. L’absence de femmes camerounaises au sein de ce personnel pendant la période coloniale est à signaler. Il faudra attendre le début des années 1960, pour assister à l’entrée de la gente féminine. Le faible niveau de formation du personnel observé jusqu’après la Seconde Guerre s’améliore dès le début des années 1950 grâce à la création de centres d’instruction professionnelle. La « camerounisation » des cadres, initiée à cette période, se poursuit au lendemain de l’indépendance et, est une préoccupation majeure pour l’État indépendant. L’École nationale supérieure des P&T est alors créée à la fin des années 1960 et devient le nouveau lieu de formation et de qualification du personnel. Au fil des années, ces agent(e)s s’investissent dans un environnement de travail où l’ambiance crée une forme de sociabilité interactive entre usagers et agents. Néanmoins, plusieurs d’entre eux (agents) sont coupables du non-respect de la déontologie professionnelle, entraînant des dysfonctionnements qui, ternissent l’image de ce service public.


En dépit de ces difficultés liées à son fonctionnement, la Poste constitue un maillon essentiel dans l’économie nationale. Considérée comme un instrument de développement du pays, l’Etat trouve nécessaire de la restructurer dans le cadre des nouvelles réformes économiques qui surviennent au cours des années 1980.

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