Au XIXe siècle, l’accroissement des compétences de l’État se traduit par la spécialisation progressive de l’administration. Selon cette logique, un nouveau département ministériel est créé lorsqu’une direction administrative atteint une certaine importance. Les services postaux et télégraphiques s’inscrivent pleinement dans cette évolution des services de l’État. L’étude de la fusion de ces deux administrations est en ce sens significative de l’évolution administrative du XIXe siècle : développement quantitatif des services, spécialisation de l’administration renforcée par la création du ministère des Postes et des Télégraphes, accroissement des compétences de l’État en matière économique et sociale.
La fusion constitue une date essentielle de l’évolution des services postaux et télégraphiques au XIXe siècle. La réforme rencontre de fortes oppositions car elle marque l’abandon –partiel tout au moins- des vieilles conceptions fiscales et politiques qui présidaient jusque-là à la question e ces administrations. Désormais, l’exploitation des services fusionnés des Postes et des Télégraphes répond essentiellement à des préoccupations économiques et sociales. Parallèlement aux inévitables réorganisations des services, les lignes et les bureaux se multiplient. Les compétences de l’administration s’accroissent également de façon considérable grâce à la modernisation d’anciens services ou à la création de services nouveaux pour le public, dans des domaines aussi variés que la banque, le transport des colis ou la téléphonie.
Bien que réalisée après de longs débats et grâce à un changement de régime, la fusion des services postaux et télégraphiques démontre son importance par la longévité exceptionnelle de cette réforme : instaurée en 1878, elle n’est remise en cause qu’à l’occasion de la récente réforme de 1990.