Comité pour l'histoire de la Poste

Le travail féminin dans les PTT pendant la Seconde Guerre mondiale 1939-1945 : entre inclusion et exclusion

Auteur

BOUTONNET-TRANIER Mylène

Diplôme

master 1 en histoire contemporaine

Thématique de recherche

Pagination

88 pages

Direction de recherche

Laura Machu

Université

Paris-Nanterre

Année de publication

Résumé

L’ambition de cette recherche est de mettre en lumière le travail des femmes pendant la Seconde Guerre mondiale au sein d’une administration française, celle des PTT.  Le cadre spatial de cette étude est celui du territoire français métropolitain, avec une attention plus particulière apportée à la ville de Paris, intégrant le bureau de poste Paris-Central, organe de décision et d’application de la politique de la main d’œuvre des PTT sur l’ensemble du territoire. Le cadre temporel de l’étude se focalise sur la seconde guerre mondiale, période pendant laquelle les transformations du travail féminin ont grandement évolué d’une part dans la continuité des changements intervenus pendant l’entre-deux-guerres mais aussi dans le cadre de la nouvelle mobilisation des forces vives à l’aube de la seconde guerre mondiale. Ainsi, la recherche commencera en 1929 afin de pouvoir y intégrer la mise en place de mesures spécifiques concernant le travail féminin inhérentes aux P.T.T.

Si les travaux sont moins nombreux que pour le premier conflit mondial, la Seconde Guerre mondiale n’en demeure pas moins une période majeure pour comprendre les évolutions du travail féminin.   Non seulement, le conflit a occasionné de nombreux revers quant aux droits des femmes mais celui-ci est amplement remis en cause. L’étude d’une administration comme celle des PTT est un terrain intéressant dans la mesure où elle emploie beaucoup de femmes, et ce depuis le début du XIXe siècle. La féminisation des emplois de bureaux a été particulièrement marquée au sein de cette administration. En effet de nombreuses transformations technologiques affectant les services des P.T.T ont permis aux femmes d’accéder à des emplois existants mais aussi à de tous nouveaux types d’emplois.

Au cours de l’étude, il a été observé que le travail féminin dans l’administration des P.T.T a été encouragé pour pallier d’une part au manque de main d’œuvre occasionné par les conflits, mais aussi par la création de nouveaux métiers dus au progrès technique avec des postes d’assistanat (telles les dames-dactylographes) ou encore des postes de techniciennes (telle que les opératrices des télécommunications). Ces nouveaux métiers sont par ailleurs, comme nous l’avons observé, conçus et définis comme inhérents aux qualités féminines interprétées de la période. L’existence de ces métiers et la reconnaissance du travail féminin au sein de l’administration a été perturbée au cours de la seconde guerre mondiale. En effet, l’étude met en exergue le fait que l’administration a souhaité depuis 1929 réformer les cadres féminins des P.T.T   aux vues des effectifs trop importants – par souci d’économie et d’organisation. D’autre part, les mesures d’exclusions les plus sévères proviennent du gouvernement de Vichy, qui au travers d’une politique traditionnaliste et maternaliste veillant à une “remise en ordre” de la société instaure une rigidification des rôles et des fonctions entre les hommes et les femmes dans le domaine public et privé. La loi du 11 octobre 1940 sur le travail féminin est la mesure la plus restrictive en la matière : elle pousse les femmes mariées à rester au foyer pour subvenir à l’éducation de leurs enfants et s’occuper le leur maison. De plus, les effectifs féminins ont été affectés par des mesures imposées par ce même gouvernement avec la demande d’exclusion des agents de « race » juive et étrangères de la fonction publique et ceux réfractaires au gouvernement collaborationniste de Vichy – notamment les agents partisans et sympathisants communistes.

Néanmoins, ces mécanismes d’exclusions ont de manière générale un impact mitigé dans les directives de l’administration des P.T.T dont la priorité a été de protéger leur personnel – dont le personnel féminin. L’administration a dû suivre les directives officielles tout en se donnant la liberté de se positionner contre. De plus, des dispenses d’exclusion sont produites pour protéger les agents femmes visées par ces mesures, ainsi que des attestations prouvant que les agents travaillent pour l’Etat et sont donc indispensables au bon fonctionnement de l’administration, leur évitant ainsi d’être réquisitionnés par le S.T.O ou bien arrêtés sans sommation. Par ailleurs, l’administration des P.T.T a mis en place d’autres mesures pour protéger les femmes qui y travaillent et certaines initiatives datent de bien avant la seconde guerre mondiale comme la création du foyer des dames de la Poste, prévu pour encourager le maintien en fonction des plus démunies proposant un hébergement et une restauration à moindre coût. Les timbres avec surtaxe pour l’aide aux veuves et orphelins de guerre est par ailleurs un autre exemple de la culture de protection sociale que l’administration a souhaité instaurer.

Ainsi, le travail féminin au sein des P.T.T pendant la seconde guerre mondiale a été au cœur du débat politique et économique, imposant des mesures d’exclusion en raison du genre des agents visés. Le propos doit néanmoins être nuancé puisque le travail a par ailleurs cherché à être maintenu et protégé dans une période où la réalité économique étant ce qu’elle était, priver les femmes d’un revenu additionnel laissait présager de laisser des familles sombrer dans la misère.

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Mots-clés ​

Postières – Postes, Télécommunications – travail – Seconde Guerre mondiale