Avec le printemps fleurissent traditionnellement les célébrations syndicales. Et comme souvent lors de ses numéros précédents, la série des Cahiers pour l’histoire de La Poste suit de prêt le calendrier événementiel. L’emblématique 1er mai n’est pas si loin, celui de 1886 lorsque les grévistes américains qui finirent par obtenir la journée de 8 heures, celui de la fusillade meurtrière de Fourmies en 1891, celui finalement reconnu par la quatrième République naissante comme journée chômée et fête officielle du Travail en France.
Cette neuvième levée des Cahiers aborde donc le thème du syndicalisme postal. Le sujet n’est pas pris dans son ensemble, l’optique aurait été par trop ambitieuse. Non, l’étude s’en tient à la genèse du mouvement, dont les racines associatives émergent ensuite en structures syndicales : elle traite des frémissements revendicatifs et des premières luttes, souvent violentes, notamment à travers les deux grandes grèves du début du siècle en 1906 et 1909.
Le travail de Frédéric Pacoud a le mérite de nous rappeler que les mouvements syndicaux chez les postiers ne sont pas nés des problèmes à propos des conditions de travail ou des salaires, mais plutôt au sujet de l’avancement de grade. Les postiers, qui voient le terrain devenir fertile, doivent cependant réfréner leurs ardeurs : la loi Waldeck Rousseau de 1884 qui accorde une reconnaissance légale aux syndicats, laisse les fonctionnaires de côté… Insupportable tutelle étatique qui ne reconnaît pas aux travailleurs de l’Etat les mêmes libertés qu’aux ouvriers ! L’Etat ne montre alors pas l’exemple en matière sociale. C’est le récit de l’évolution d’associations de postiers, d’abord clandestines puis révélées au grand jour, se radicalisant ensuite pour certaines, puis se transformant en structures syndicales, qui nous est proposé à la lumière de cette recherche.