Un événement
La loi du 9 avril 1881 donne naissance à la Caisse nationale d’épargne postale (CNE) et à l’ancêtre du livret A. La France s’inspire du modèle britannique qui la précède depuis près de 20 ans. A cette date, la Poste acquiert un nouveau service, entrant de plain pied dans les services financiers, c’est le métier de guichetier et l’image des bureau qi s’en trouve modifié.
Un contexte
Il existe des caisses d’épargne privées en France depuis la Monarchie de Juillet. Elles sont surtout présentes dans les grandes villes… Et la masse des Français, vivant dans le monde rural, est exclue de cette possibilité économique. Parmi les valeurs portées par la Troisième République naissante, l’épargne populaire voisine avec l’école obligatoire et la liberté de la presse.
Une révolution
Forte d’un réseau de plus de plus de 6 000 bureaux, la Poste se trouve être un formidable levier d’action pour les desseins de la Troisième République concernant la démocratisation de l’épargne populaire. Le succès est rapide et pérenne : 816 000 comptes ouverts en 1886, 10 fois plus en 1928 ! Dans le domaine social, la CNE porte une double émancipation des femmes ; celles-ci étant autorisée à ouvrir un livret sans l’autorisation de leur mari ; celles-ci trouvant des perspectives professionnelles dans une administration recrutant en masse de petites mains studieuses et habiles pour la gestion des fiches de compte.
Aujourd’hui
La Caisse nationale d’épargne a contribué à former le socle des services financiers de la Poste, aux côtés des chèques postaux, menant en 2006 à la Banque Postale. L’épargne est désormais un phénomène de masse ; en 2010, 20 millions de clients disposent d’un livret A à La Poste.
D’après : B. Oger, Histoire de la caisse nationale d’épargne. Une institution au service du public et de l’Etat 1881-1914, Paris, L’harmattan, 2006 ; Illustration : http://babethhistoires.unblog.fr