Il y a 30 ans, en mai 1989, naissance de colissimo, le « paquet confiance » de La Poste
Un événement
Le 22 mai 1989, nait colissimo. Spécifiquement applicable aux paquets–
poste, ce service est distingué par une étiquette bleue pour l’intradépartemental
et rose pour l’extra. La première catégorie a un délai garanti
en J+1, la seconde en J+2. Jouant du nom « colis » tout en étant la
première appellation marketing d’un service de la Poste, tel qu’elle fera
florès jusqu’au XXIe siècle (diligo, posteo, facteo, etc.), colissimo marque un
tournant à plusieurs points de vue.
Un contexte
La Poste est alors engagée dans une conquête dans le domaine de la
messagerie. Rompant la péréquation tarifaire en 1963 pour faire face à la
concurrence, elle propose à la vente des paquets jaunes prêts-à-poster
depuis 1975. Une année auparavant, elle crée un tarif intra-départemental
du paquet. L’instruction du 10 avril 1981 engage sur le chemin d’une
distribution en J+1 pour les intra-départementaux et en J+2 pour les intrarégionaux.
Une révolution
Colissimo va plus loin, puisque La Poste garantit pour la première fois de
son histoire un délai d’expédition en J+1 dans le département, J+2 au-delà.
Faute de quoi, elle dédommage le client. A 29 francs du kilo, il est possible
d’envoyer des paquets de 7 kg (10 kg en 1992). Cible prioritaire, les 16 000
entreprises possédant déjà une machine à affranchir et qui envoient
régulièrement des paquets en nombre : 4 196 d’entre elles ont signé un
contrat, fin de 1989, prévoyant une négociation sur trois niveaux tarifaires,
en fonction d’un nombre annuel d’envois et du chiffre d’affaire.
Aujourd’hui
Trait d’union entre le service public en quête de responsabilisation et le
positionnement audacieux de l’entreprise dans un marché concurrentiel,
colissimo traverse le tournant du XXe au XXIe siècle comme le socle de la
confiance que La Poste tente de rénover, après la lettre recommandée jadis
créée en 1844. Jaugé à 100 millions en 1992, le marché colissimo a été
multiplié par plus de trois en 30 ans, atteignant 335 millions en 2018. Le
signe d’un objet postal moins historique que ceux relatifs au courrier, mais
qui s’apprête à devenir central au XXIe siècle.
D’après : Messages, n°385, juin 1989, p. 9. ; Références La Poste, été 1989, p. 10-11 ; L. Laborie, S. Richez, , Première histoire de la messagerie postale en France, XIXe-XXe siècles, Peter Lang, Bruxelles, 2019 (à paraitre).
Illustration : Messages, n°385.