A Nancy du 15 au 20 avril 2002, le 127e Congrès du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques (CTHS) avait pour thème « Le travail à l’époque contemporaine ».
Sous l’égide du CHP, Sébastien Richez, doctorant à l’université de Caen au Centre de Recherches en Histoire Quantitative (CRHQ), a présenté une communication intitulée :
« Le facteur rural au travail, le cas de dix-huit tournées ornaises au XIXe et XXe siècles »
Résumé
Dans le courant du XIXe siècle, l’extension des prérogatives de l’État s’accompagna de l’émergence de nouveaux métiers dans la branche tertiaire. Celui de facteur des Postes, et notamment de facteur rural, prit une dimension importante dans le processus d’intégration égalitaire des espaces. L’entrée de la France dans la voie de la distribution quotidienne du courrier à quiconque sur tout point du territoire, comme la diversification des activités postales, donnèrent naissance à un métier apparemment connu sous le prisme de la tournée dans le monde rural. Représentation populaire parmi l’éventail des métiers familiers, le contenu de la tournée du facteur demeure pourtant méconnu.
Les débats de l’Assemblée nationale, quatre grands rapports sur le fonctionnement du service des Postes dans la seconde moitié du XIXe siècle, la réglementation postale et les rapports au budget entreposés au musée de la Poste de Paris, et surtout dix-huit récapitulatifs inédits de tournées de facteurs ornais entre 1898 et 1921 sauvés par le musée de la Poste de Caen, autorisent une description concrète de la tournée au quotidien. A travers un labeur ininterrompu, la pénibilité du travail effectué lors de la tournée relevait davantage de l’arpentage répété que du poids restreint du courrier traité. Parmi les facteurs, ces « marcheurs de l’impossible », il n’y avait aucune uniformité des situations, chaque tournée induisant des variations journalières de kilomètres effectués, de courrier transporté et de temps employé.
Les actes du colloque ont été publiés, sous la direction de Dominique Barjot, Le travail à l’époque contemporaine, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2005, 427 p.